Ma mère me laisse griffonner les cartes postales que son père nous envoie d’Italie : j’ai six mois.
Tout est là : vouloir laisser une trace, même à première vue incompréhensible.
Je ne me souviens pas d’avoir flotté sur le nuage de devenir princesse, hôtesse de l’air ou astronaute. Ni d’avoir inscrit dans la case Profession, ce que je voulais faire de ma vie. Mais j’ai le souvenir éloquent d’avoir écrit à dix ans sur un petit bout de papier ce que je voulais ÊTRE : une sainte ! Rien de moins...
Aujourd’hui, cela résonne en moi.
Je comprends pourquoi ma préoccupation la plus profonde a toujours été d’élever ma conscience, pourquoi ma mère a toujours été mon assise et mon inspiration, pourquoi ma fille, devenue art-thérapeute, éclaire aujourd’hui ma route.
Je comprends maintenant ce besoin criant que j’ai de créer: je désire pénétrer ce lien entre l’être humain, son monde, le divin et le diablin. Je vis avec le sentiment que je pense mieux un crayon à la main. J’aime sentir mon corps suivre le fil de ma pensée, jusqu’au coeur.
La vie me parle plutôt à la Magritte: « Je ne suis pas [une] artiste, je suis [une femme] qui pense. »
© 2024 Rose Élise Cialdella